Semiramide, La Signora regale
Inspirant plus de cent compositions, la légende de Sémiramis, à l’instar de celle de Médée ou d’Armide,
donne matière à illustrations musicales…Mais il faut faire un choix. On commence ici avec Caldara et l’on
finit, formation baroque oblige, avec Manuel Garcia, bien que Respighi ou Honegger auraient pu avoir droit de cité!
Il faut saluer l’originalité du programme et son cortège de raretés : il n’est pas jusqu’à
l’air « Bel raggio lusinghier » extrait de la Semiramide de Rossini qui ne réserve sa part d’inédit
en donnant à entendre la version originale, éditée et complétée par Philippe Gossett et Alberto Zedda. À travers
les différents livrets, signés Bisaccioni, Silvani ou l’incontournable Métastase, se dessine un portrait très
mouvant de la reine assyro-babylonienne selon que l’on mette en avant sa nature divine à travers le
« merveilleux » ou, à l’inverse, que l’on recherche une certaine vérité historique en conformité avec
le rationalisme des Lumières. C’est peu dire que tout repose sur la voix de la chanteuse qui doit parvenir,
sans le soutien de l’image, à transmettre les différents états psychologiques d’une protagoniste
d’exception.
Anna Bonitatibus ne manque pas d’atouts, à commencer par une belle musicalité lui permettant précisement
d’incarner chaque situation dramatique dans sa singularité. On sera plus circonspect quant au timbre
lui-même, un peu impersonnel et uniforme ; si l’aigu n’a pas l’éclat d’un soprano,
il manque au grave le vrai moelleux d’un mezzo…et, à l’échelle du récital, ce petit plus qui
nous aurait fait chavirer pour un « Choc ». Accompagnement roboratif et opulent de l’Accademia degli
Astrusi, malgré un violon solo bien grinçant.